Pourquoi je ne fête pas la Saint-Valentin

En tant que grande amoureuse de l’amour, la Saint-Valentin devrait logiquement être ma fête favorite. Pour autant, ça n’a jamais été le cas. J’ai décidé de ne plus la fêter et de baiser Valentin pour plusieurs raisons. En premier lieu et égoïstement, ce n’est pas une fête qui m’amuse. Ensuite c’est une catastrophe écologique et social. Enfin, elle véhicule et perpétue ce que notre société patriarcale et capitaliste fait de pire. Bouh la rabat-joie 😁 ! Après si tu aimes la saint-valentin c’est ok. On peut se l’approprier et en faire un moment sympa.

Historique

Avant tout ça un peu d’histoire. Jean-Claude Kaufmann dans Saint-Valentin mon amour! fait remonter les prémisses de la St-Valentin à l’Antiquité, lors des fêtes romaines appelées les Lupercales. Elles célébraient le retour du printemps et de la fécondité. De jeunes hommes nus fouettaient des femmes dans le but de les purifier et les rendre fertiles. On est loin de l’amour: les femmes étant reléguées à leur rôle de procréation.

En France au 15ème siècle, les viols collectifs étaient fréquents (environ un homme sur deux en aura commis au cours de sa vie). Sous l’ancien régime, il fallait être propriétaire pour pouvoir se marier. Les mariages pouvaient être très tardifs et les célibataires étaient légion. Pour protéger les jeunes femmes, des rituels amoureux étaient organisés, comme les loteries amoureuse afin de canaliser la violence masculine envers les femmes. Qui a dit que c’était mieux avant ?

Le tournant commercial intervient au 19ème siècle avec l’avénement des cartes aux Etats-Unis.

De nos jours, la Saint-Valentin représente chaque année un juteux business de pas moins de 20 milliards de dollars aux Etats-Unis (chiffre de la Fédération du commerce américain, NRF).

Une catastrophe écologique

Maintenant petit focus sur la catastophe écologique que représente la Saint-Valentin avec deux de ses symboles phare : la rose et le chocolat.

🌹 C’est le troisème événement de l’année le plus lucratif pour les fleuristes. Les roses rouges y sont vendues trois à cinq fois plus chères que le reste de l’année. Vous aurez remarqué (ou pas) que dans nos contrées françaises, il n’y a pas de roses qui poussent en plein mois de février. La quasi-intégralité des 600 millions de roses rouges vendues en France chaque année provient de l’étranger.

Entre la rose européenne ou celle du bout du monde, notre coeur balance ⚖️.

D’un coté la rose belge ou hollandaise, chauffée et éclairée 24 heures sur 24 pendant des semaines.

De l’autre, la rose du du Kenya, d’Éthiopie, de Tanzanie, d’Équateur ou de Colombie, où le climat est plus propice à la floraison en plein mois de février mais où elles sont cultivées dans des conditions sociales et sanitaires pitoyables pour être ensuite transportées par avion. Les roses résisteront d’ailleurs très mal au transport. Au Kenya, la culture intensive provoque des problème écologique avec l’exploitation du lac Naivasha.

Et last but not least, une étude de 60 millions de consommation a mis en avant en 2017 qu’un bouquet peut contenir jusqu’à 25 pesticides. Vous me direz que le consommateur ne craint pas grand-chose avec son bouquet, seulement c’est pour la santé du producteur que c’est problématique… Une simple rose représenterait environ 3 kg d’émissions de CO2. Je trouve que ça fait beaucoup pour un plaisir si éphémère. C’est vrai que c’est une vision assez culpabilisante de la chose, mais au final qui en souffre le plus? Celui qui doit gérer son éphémère culpabilité ou celui qui en subit les dommages collatéraux dans sa vie et pour sa santé?

Quelles sont les alternatives ?

On sera jamais aussi classe que Gunter Sachs qui a envoyé 1200 roses sur Brigtte Bardot depuis son hélicoptère, mais pour la petite info, il l’a épousée suite à un pari avec ses potes donc bof bof.🥀

🍫 La Saint-Valentin représente la troisième vente de chocolat, après Noël et Pâques. Sa démocratisation remonte à 1861, où l’artisan Richard Cadbury met ses chocolats en vente dans une boîte en forme de cœur. Le chocolat était un cadeau qualitatif et relativement abordable comparativement à un bijou ou un parfum.

Là encore, c’est ok de se faire plaisir en dégustant du chocolat, mais c’est bien d’avoir aussi conscience de l’envers du décor et ce n’est pas beau à voir malheureusement.

Le business du cacao représente la 3ème cause de déforestation dans le monde. L’empreinte carbone est catastrophique, environ 3400 litres d’eau sont nécessaire pour produire une tablette de 200 grammes, ce qui revient à 1 kg de CO2. Concrètement, il faut l’équivalent de 377 pack d’eau pour produire une seule et simple tablette.

Il faut également savoir que cette culture est responsable de l’appauvrissement des sols et de l’érosion de la biodiversité dans les pays concernés. Les producteurs utilisent des pesticides nocifs (interdit en Europe).

Il y a la sanpiternelle rengène « oui mais ça fait travailler des gens ». Oui c’est vrai. Ça fait également travailler des enfants et des ouvriers précaires. N’étant pas assez rémunératrice, des plantations illégales voient le jour, flirtant gentiment avec la mafia. J’ai envie de dire qu’en sachant tout ça, le chocolat « mon chéri » a un goût particulièrement dégueulasse (même s’il l’est de base).

Quelles sont les alternatives ? En faite, il n’y en a pas 50 :

  • Acheter du chocolat équitable (à noter qu’aucune marque ne l’est à 100 % à ce jour)
  • Acheter des friandises locales: sachant qu’en France à chaque département sa sucrerie.
  • réduire sa consommation et bannir l’huile de palme
  • Ne pas offrir de putain de chocolats!

Une fête commerciale et sexiste

Enfin, ce qui me dérange profondément avec la Saint-Valentin, c’est son vieux relent patriarcale. Il y a une forte pression sociale autour de cette fête, qui pour commencer renvoie les célibataires à une anormalité. Sauf que ce n’est pas une obligation d’être en couple. Le marketing et la publicité invisibilisent toute une partie de la société. Et n’en déplaisent à certains, ces couples existent et ils ont même le droit de célébrer cette fête de merde!

J’ai de plus en plus de mal avec cette vision clichée du couple hétérosexuel : madame en tenue affriolante (et qui gratte bordel) préparant un bon petit plat à monsieur qui aura droit à son rapport sexuel en échange d’un cadeau.

Cette fête renvoie à une vision du couple qui n’existe pas et à une forme de compétition instagramable de qui aura mangé dans le meilleur restaurant, eu le plus beau cadeau, eu le plus de rose etc. Le couple va au-delà du mercantile, c’est complexe. Bien sur et heureusement qu’il y a de l’amour entre les gens, mais ce n’est pas en continuant de véhiculer des clichés nunuches et guimauve qu’on aidera les gens à se sentir mieux.

Je finirai de plomber l’ambiance en évoquant les victimes de violence conjugale. En France, une femme sur dix en est victime chaque année. Alors c’est vrai que c’est chouette de recevoir une gentille attention pour la Saint-Valentin, mais du respect tous les jours de l’année, c’est encore mieux…

Alors une fois de plus cette année, au boulot, je ferai rire tout le monde en disant pourquoi je ne fête pas la St-Valentin, mais si après les rires, je fais germer une petite graine d’interrogation, alors mes sarcasmes n’auront pas été vains! Sans rancune Valentin, finalement on aura passé un bon moment.

3 réponses à « Pourquoi je ne fête pas la Saint-Valentin »

  1. […] la grande amoureuse de l’amour, j’ai donc connu de grandes déceptions amoureuses. Je suis assez désabusée sur les relations […]

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  2. […] si le sujet t’intéresse, tu peux découvrir pourquoi je ne fête pas la Saint-Valentin dans un article […]

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  3. […] je ne m’y retrouve pas. D’ailleurs, je ne fête pas la Saint-Valentin (j’en parle ici si ça t’intéresse) mais je n’irais jamais rabaisser celles et ceux qui la célèbrent avec […]

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