
Introduction
L’année dernière, à la même époque, nous préparions l’entrée en maternelle de ma fille. En tant que maman poule, c’était une grande source de préoccupations. Au final, cette année n’aurait pas pu mieux se passer. Je vais passer en revue, ce qui a permis à mon enfant de faire une belle rentrée et de passer une année pleine de joie et de découvertes.
Alors bien sûr, la plupart d’entre nous sommes allés à l’école maternelle, mais on oublie les détails avec le temps.
L’éducation nationale, une institution en crise
Il me paraît important de souligner qu’au niveau national, il y a une véritable crise des vocations et une grande souffrance au travail des enseignants. Mon observation ne vaut que pour ma propre expérience, mais pour en fréquenter un nombre non négligeable, les 3/4 souhaitent se reconvertir dans l’année ou dans les 5 ans à venir. L’idée n’est pas de faire un état des lieux de la casse du service publique, c’est largement documenté. Très concrètement cela implique qu’en septembre (malgré la lumineuse idée des speed jobing) nos enfants n’auront pas forcement un professeur, ni quelqu’un de préparé/formé à tenir une classe.
Public ou privé ? 🤷♀️
Je reconnais m’être posée la question d’une rentrée dans le publique ou le privé. Je suis très attachée au service publique et j’ai y moi-même fait toute ma scolarité. Nous avons choisi qu’elle fasse sa rentrée dans l’école du quartier, qui est une petite structure.
Ma fille ayant été gardée par ses grands-parents, la rentrée impliquait un passage en collectivité. La réussite à l’école implique de rentrer dans un certain moule. A titre personnel, j’ai un problème avec la vision française de l’enseignement qui se veut élitiste et compétitif. Ce ne sont pas des valeurs que j’ai envie d’inculquer à ma fille et oui j’assume être une madame bisounours . D’ailleurs l’observation des arbres a montré que dans la nature c’est la coopération qui prime. Comme disait Baloo à propos de Mowgli, j’avais peur que le village des hommes « gâchent » ma fille !
J’appréhendais également cette première rentrée à cause de ma propre expérience douloureuse de l’école. J’en garde de mauvais souvenirs.
« A deux minutes de là, le collège moisit, sue l’ennui et pue l’encre ; » in L’enfant de Jules Vallès.
Je craignais de transmettre ces angoisses à ma fille. C’est pourquoi, j’ai fait tout ce qui était en mon possible pour que cela se passe au mieux. La préparation a été à la fois pour la maman et la fille 😬 .
La visite de l’école 🏫
En juin, la directrice a pris contact pour que nous puisions venir visiter l’école. Nous sommes donc venu en fin de journée pour visiter les locaux. Ma fille a pu poser des questions. Elle a voulu se laver les mains. Je n’y avais pas pensé, mais c’était quelque chose de très important pour elle. Elle était rassurée de voir qu’il y avait de petits cabinets à sa taille.
Nous avons également profité des élections régionales pour venir dans l’enceinte de l’école, les bureaux de vote se trouvant à l’intérieur. Passer devant régulièrement au cours des ballades lui a permis de se familiariser avec le chemin.
Pour les enfants en collectivité, l’école et la crèche du secteur où nous vivons, organisent une rencontre en fin d’année scolaire.
La directrice m’a également confirmé le fait que notre enfant ait été gardé ou non avant son entrée à l’école n’aura pas forcément d’influence sur sa facilité à entrer à la maternelle. Cela va dépendre de sa personnalité, de sa capacité à gérer la séparation. C’est une théorie de John Bowlby que j’avais découverte au cours de mes études et que j’ai pu expérimenter. Finalement, peu importe son mode de garde, c’est un grand changement pour l’enfant. J’aurai souhaité mettre ma fille en halte garderie pour l’habituer, mais avec la pandémie, cela n’a pas été possible ! Au final, les premières semaines ont été difficiles, mais elle a vite pris le plis et allait avec plaisir à l’école le matin.
Et oui, ils vont attraper toutes les maladies infantiles possibles et imaginables (coucou la varicelle 👋).
La directrice nous a envoyé une vidéo de présentation de l’école. A sa demande, ma fille l’a regardée à plusieurs reprises au cours de l’été.
#bookaddict 📖
Nous adorons les bouquins. Nous avons beaucoup lu plusieurs mois en amont sur cette thématique. Et parce que l’entrée à l’école ne se résume pas aux premiers jours, nous avons également beaucoup lu au cours de l’année, le livre permettant d’être un objet médiateur pour parler de l’école.
Voici un panel de livres sur ce sujet, que l’on peut trouver dans les bibliothèques municipales (attention ils risquent d’être pris d’assaut à la rentrée)
- Maman à l’école de Eric Veillé et Pauline Martin aux éditions Actes sud junior (2015). C’est un album très amusant qui dédramatise l’entrée à l’école.
- Petit Ours bun à l’école (livre animé) aux éditions Bayard Jeunesse (2017). C’est une figure classique des petits. L’album est très mignon.
- A l’école maternelle, mon imagier à flaps aux éditions Tourbillon (2021). Il permet de passer en revu le vocabulaire usuel de l’école.
- L’école maternelle de la collection mes p-tits docs, édition Milan (2008). Alors vraiment si je ne devais en conseiller qu’un ce serait celui-ci. Je dois le connaître par cœur ! Pour un petit prix, il permet de passer en revu l’ensemble des moments de la journée à l’école.
- Les livres ardoise – Ma journée à la maternelle, édition Bordas (2017). L’enfant peut écrire dedans.
- Les Monsieur/Madame et la rentrée des classes de Roger Hargreaves, édition Hachette (2018). C’est également une figure emblématique des tout-petits.
- T’choupi rentre à l’école de Thierry Courtin, édition Nathan (1998). Je ne suis pas hyper fan de T’choupie mais disons que c’est un classique.
- Calinours va à l’école, d’Alain Broutin, L’école des loisirs (1994). C’est album bien connu des enseignants qui est souvent lu à l’école.
- Non non et non ! de Mireille Allancé, L’école des loisirs (2001). Un album tout en humour sur la gestion de l’agressivité.
- Bébés chouettes de Martin Waddell, L’école des loisirs (1992). Un album qui permet d’aborder l’anxiété de la séparation.
- Louise ne veut pas manger à la cantine de Régis Faller, édition Nathan (2001)
- Tom va à l’école de Christophe Le Masne et Emma De Woot, édition Mango (1996)
- Zékéyé à l’école de Nathalie Dieterlé, édition Hachette Enfants (1995)
- Henri est en retard de Adrien Albert, L’école des loisirs (2016)
- Premier matin de Fleur Oury, Editions Les Fourmis Rouges (2015)
- Mes écoles du monde de Clémentine Sourdais, Seuil Jeunesse (2011)
- Mon premier jour d’école de Jane Godwin, édition Circonflexe (2014)
- Pourquoi il faut retourner à l’école demain? Tes questions sur l’école maternelle, édition Larousse (2022)
En septembre, les magazines jeunesse publient en général un numéro dédié à l’a rentrée. Par exemple, Pomme d’Api proposait une salle de classe cartonnée.









Les conseils de la directrice 👩🏫
Il y a eu une réunion des parents en juin pour présenter l’école. La directrice nous a donné quelques conseils : prévoir un sac de change avec un doudou pour la sieste, ne pas revenir sur ses pas une fois que l’on est parti (erreur fatale), inscrire le nom sur les vêtements, Elle nous a demandé d’envoyer une photo pour le porte-manteau pour le jour de la rentrée. Cela permet à l’enfant de se sentir attendu et qu’il a sa place au sein de la classe.
Je n’ai pas eu la préoccupation de la propreté. Ma fille a été propre sans difficulté. J’avais quand même la crainte des petits accidents. Il faut savoir que les enfants sont accompagnés aux toilettes très régulièrement. Comme l’école est à présent obligatoire à partir de 3 ans, ce n’est plus une obligation d’être propre pour la rentrée. Par contre, il n’y a pas la possibilité pour l’enfant de venir en couche. Le centre loisir quand à lui est en droit d’exiger la propreté pour une admission. Il y a parfois une immaturité fonctionnelle, surtout chez les enfants de fin d’année. C’est important de ne pas les brusquer. Il n’y a rien de pire pour générer des blocages, cela peut entraîner un rapport de force et devenir un sujet conflictuel avec son enfant. J’ai souvenir de ma sœur aînée qui a eu son mois d’août gâché à l’époque au sujet de la rentrée de mon neveu.
Je souhaitais que ma fille fasse la sieste chez sa grand-parent l’après-midi dans un premier temps, mais avec la réforme de l’école obligatoire, en principe ce n’est plus permis. La directrice m’a expliqué qu’il fallait faire une demande écrite au rectorat pour obtenir une dérogation. Le temps de sieste obligatoire me paraissait très long (12h30-14h30) pour ma fille qui ne faisait déjà presque plus la sieste. Les petits étaient particulièrement nombreux l’année dernière, il y avait des problèmes de places. Au final, la maîtresse a été compréhensive. Ma fille est revenue à l’école l’après-midi après les vacances scolaires. Cela s’est passé en douceur. Elle m’a confié qu’elle s’ennuyait pendant la sieste mais ce temps calme était bénéfique pour elle.
La veille, nous sommes allées voir la liste de la classe. Et là surprise, contrairement aux livres, où il y a six enfants à tout casser, ils étaient 28 élèves ! Et encore, depuis j’ai appris que c’était une fourchette basse !
Étant dans une commune « bourgeoise », je me demandais s’il y aurait d’autres enfants racisés dans sa classe. Elle avait le seul nom à consonance africaine. Quand on a un enfant métisse, se pose la question de savoir s’il va être accepté, ne pas subir de discrimination. J’ai en tête qu’elle va devoir travailler deux fois plus pour le même résultat et je souhaite qu’elle ait toutes les chances de son coté. Spoil alert: en région parisienne, ce n’était pas la seule enfant noire de sa classe ! Cela ne l’a pas empêché de se questionner sur sa différence de couleur de peau par rapport à la majorité des autres enfants.
Le Jour J, le D Day ! 🎒
L’école avait organisé une rentrée différée. Les deux premiers jours se sont fait avec une moitié de classe et une rentrée à 09h30 pour éviter la cohue.
La matin, nous avons pris un peu de marge pour ne pas être pressé par le temps. Ma fille avait choisi une tenue dans laquelle elle était à l’aise. Elle était fière de prendre son petit cartable pour aller « travailler ». Je lui ai demandé de choisir un repas qui lui ferait plaisir pour le déjeuner (oh surprise poulet frites). Je lui ai dessiné un petit cœur sur la main pour qu’elle se rappelle que je l’aime fort.
Covid oblige, nous avons eu la chance que l’école accepte que les parents accompagnent les enfants en classe. Dans celle où travaille ma mère, le matin, les petits étaient comme des veaux qu’on amène à l’abattoir.
J’ai tout de suite eu un super feeling avec l’enseignante. J’ai ressenti son professionnalisme et une grande bienveillance (l’année m’a confirmée que mon intuition avait vu juste!). Je suis restée un peu avec ma fille dans la classe. Je pensais mal le vivre mais je suis repartie très en confiance. Quelque chose qui est préconisé, c’est de ne pas mentir à l’enfant sur l’emploi du temps. S’il passe la journée complète, il ne faut surtout pas lui dire que nous venons le chercher à midi si c’est faux. J’étais en congé pour la première semaine d’école, j’ai pu aller la chercher à midi. La semaine suivante, je lui ai expliqué son emploi du temps et qui viendrait la chercher. Ma fille est très ritualisée. Elle pose beaucoup de question et a besoin de comprendre. Elle n’a pas pleuré lors de la séparation le premier jour mais les suivants oh oui ! A la réunion des parents, l’enseignante a dédramatisé les choses. Oui les enfants chialent toutes les larmes de leurs corps, oui c’est normal, oui ça ne dure pas, oui ça finit par passer. En tant que parent, ça fait mal, mais c’est l’école de la vie paraît-il. Parfois, c’est plus simple pour le co-parent, pourquoi pas ne pas passer le relais si l’organisation familiale le permet.
Ma sœur m’avait dit, la première rentrée en maternelle pour son aîné, c’est la rentrée la plus difficile. Le fait que je me sente en confiance avec l’enseignante a grandement contribué au fait que l’année se passe bien pour ma fille.
La réunion parents/enseignant
Nous avons eu une réunion parents/enseignant à la rentrée. La maîtresse nous a expliqué les « objectifs » de la première année : apprendre en jouant en collectivité, maîtriser le vocabulaire usuel de l’école, apprendre à prononcer, articuler, reformuler, les couleurs, décomposer le nombre 3, apprendre à bien tenir son crayon, tracer des lignes, des quadrillages, des ronds, se sociabiliser, découvrir les règles de la vie en collectivité. Elle n’avait pas de recommandations particulières, mise à part essayer de les coucher le plus tôt possible, lire des histoires ensemble, s’intéresser à ce qu’ils font et racontent. C’est un peu triste, mais elle a eu besoin d’insister sur le fait de s’intéresser à ce que fait notre enfant en classe sans tomber dans l’extrême de tout refaire avec lui à la maison.
La journée en classe est très dense. Un enfant en bas âge va pouvoir se concentrer 15-20 min par activité, ce qui nécessite un rythme soutenu et des changements fréquents. Sachant qu’en début d’année, chaque moment de transition génère des pleurs.
Planning de la classe 🗓️
- 08h20-09h : temps d’accueil,
- 09h-09h20 : regroupement
- 09h20-10h30 : gymnastique + un atelier en petit groupe
- 10h30-11h : récréation des petites sections
- 11h- 11h20 : lecture d’un album
- 11h20 : cantine – pause méridienne
- 13h30 : retour de la maîtresse en classe et des élèves qui mangent à la maison
- 14h30 : premiers levers
- 15h-15h45 : ateliers
- 15h45- 16h05 : récréation
- 16h05 – 16h30 : écoute musicale
La journée et l’année sont ponctuées par différents rituels : maracasse pour le regroupement, rangement des affaires, présentation des activités par Lapinou la mascotte de la classe, chansons, train des anniversaires
Mon enfant ne me dit rien ! 🤐
Contrairement à la crèche ou à la nounou, l’enseignant ne peut pas faire un compte-rendu détaillé de la journée. Il va dire si tout va bien ou pas. Je suis partisane du « pas de nouvelle, bonne nouvelle » donc ça me va très bien, mais j’entends que c’est parfois difficile à vivre.
Alors comment arriver à savoir comment ça se passe ? Il y a une dose de frustration à supporter dans le sens où l’enfant ne va pas raconter ce qui se passe, ou alors pas tout de suite ou alors autrement. Par exemple, ma fille est plus loquace le midi, le soir ce n’est même pas la peine !
Ma nièce lui avait donné son école playmobil. Ma fille rejoue systématiquement sa journée avec ses personnages. J’étais ainsi ravie d’apprendre au bout de deux jours que ma fille avait vu le zizi d’un petit camarade dans les toilettes ! Il faut savoir que les enfants de 3 ans ont un espace/temps différent du notre. Cela nécessite un déchiffrage dont seul les parents ont le secret!
Il ne faut pas prendre tout ce que notre enfant raconte au premier degré ! Par contre, c’est important d’observer son comportement, ses jeux. C’est un indicateur beaucoup plus fiable de ce qu’il vit et de son bien-être. C’est inutile de leur mettre la pression ou de se triturer le cerveau à essayer de trouver des techniques pour qu’il raconte ce qui se passe. Leur vie à l’école leur appartient aussi… C’est pour ça que l’entrée à l’école est difficile aussi pour les parents, c’est le premier moment ou notre oiseau quitte le nid et se frotte au monde des grands !
En France, nous avons une école maternelle exceptionnelle ! C’est une chance que nos enfants puissent encore en bénéficier (mais pour combien de temps?!). C’est dur en tant que parent de confier son enfant à des étrangers. Cela m’a fait quelque chose d’entendre l’enseignante à la réunion dire « mes enfants » alors que c’est mon bébé !!!
S’il y a le moindre doute, incompréhension, c’est important de crever l’abcès de suite et de communiquer, demander un rendez-vous.
Nous avons bénéficié d’un rendez-vous dans l’année pour faire le point. J’étais très surprise d’apprendre que le comportement de ma fille à l’école était opposé à celui de la maison. Je me suis rendu compte qu’elle était comme moi à l’époque, très timide. Cela m’a fait mal au cœur sur le moment mais on ne décide pas du caractère de son enfant, de ce que lui transmet ou pas. Contrairement à moi, c’est une petite fille qui adore l’école malgré sa réserve.
La maîtresse mettait à disposition le cahier de vie à chaque vacances scolaire. J’ai été littéralement bluffé de la qualité de leurs apprentissages (avec 28 enfants faut-il le rappeler).
Ressources pédagogiques 👩🏽🎓
J’ai découvert ces blogs qui est une petite mine d’or :
- compte maitresse lunicole
- Site charivari à l’école: partage de ressources pour enseigner
- Ressources sur les émotions
Option – S’impliquer dans la vie de l’école
En fin d’année, j’ai pu participer à une sortie scolaire et aux Uniday2022.
Cela m’a permis de rencontrer l’ensemble de l’équipe de l’école, les enfants, d’autres parents. C’est sympa de découvrir son enfant dans un contexte différent.
Je ne suis pas en lien avec les associations de parents d’élèves mais pour ceux qui souhaitent s’investir, cela peut-être un bon moyen de prendre part à la vie de l’école.
Conclusion
Ce premier grand rituel de passage s’est passé pour le mieux. J’espère qu’il en sera de même pour la rentrée prochaine. C’est toujours un peu la loterie. J’ai hâte de la voir grandir et évoluer.
Le mot de la fin: bonne rentrée aux petits, aux plus grands et aux parents. On croise les doigts ça va bien se passer 🤞!
Pour aller plus loin: article du site les super parents « Tout ce que vous devez savoir sur l’entrée en maternelle«
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