Visuel Drag Race France

Comment Drag Race a changé ma vie ? 💅

Introduction

A quelques jours du lancement de la saison 2, j’avais envie de revenir sur le phénomène de la première saison. Avant de découvrir cette émission, j’associais les Drag Queen aux transformistes de chez Michou. Je portais dessus un regard entre l’amusement et la condescendance.

Une fois n’est pas coutume, je regardais la dernière de l’émission « On est pas couché » où Nicky Doll, la présentatrice du show, intronisait ses queens, sous l’œil concupiscent de Jack Lang…🤮 J’ai trouvé leurs dégaines incroyables, notamment Lolita Banana. Cela m’a donné envie d’y jeter un œil.

Épisode 1 : Brûler le feu 🔥

Je peux dire que je n’ai pas été déçue. J’ai tout de suite accroché avec l’humour, l’esthétique et la mécanique de l’émission. L’entrée des participantes était iconique, en particulier la Kahena :

« Maman m’a dit de ne pas jouer avec le feu, mais maman, je suis le feu » susurre-t-elle en soufflant sur sa main enflammée.

Dans la suite de l’épisode, chacune a pu dévoiler une facette de son art dans une épreuve de talent show et là grosse claque : ce sont des artistes !

Elips m’a brûlé la rétine avec sa performance sur du Juliette Armanet. « Brûler le feu » qui est devenue immédiatement ma chanson de l’été.

Le spectacle était loin d’être fini, les queens ont ensuite défilé sur le thème Liberté, égalité, Jean-Paul Gautier  avec des tenues plus incroyables les unes que les autres. Je vous renvoie à la page instagram de l’émission pour retrouver l’ensemble des looks.

Ce que j’ai aimé aussi et surtout, ce sont les confidences en coulisse. Les candidates ont eu tout au long de l’émission des messages salvateurs qui peuvent s’adresser à tout le monde. Dont celui-ci : oui mon corps est unique. Oui il est beau. Oui c’est un combat de tout les jours d’apprendre à l’aimer ! Plusieurs expliquent que leur art leur a permis d’assumer complètement qui elles étaient, les a sauvées de la dépression et des conduite à risque par exemple.

Épisode 2 : qu’est ce que le genre ? 🧔‍♀️

Cette épisode commence sur les chapeaux de roues avec un mini-défi rock star en présence de drag kings ! Les candidates se sont livrées sur leurs expériences du coming out, de la transition pour la briochée. J’ai découvert via Soa de Muse, le concept de non-binarité.

Ce sont des notions auxquelles je ne m’étais pas intéressées mais qui sont passionnantes. Depuis je me suis documentée afin d’essayer de mieux comprendre . Cela m’a permis de m’interroger sur ma propre identité. Je renvoie à la lecture du manifeste du muséum d’histoire naturelle de cette année « Aux origines du genre ».

« Le genre est un dispositif de catégorisation binaire (masculin/féminin) portant à la fois sur une différenciation biologique (« mâle » ou « femelle ») et une différenciation sociale apprise – coiffure, maquillage, par exemple ».

Comme toute remise en cause d’un ordre social, ceci engendre de la violence et de la réprobation. Lorsque l’on s’intéresse en profondeur à des phénomènes qui nous paraissent naturelles, on se rend compte qu’en faite ils ne le sont pas et qu’ils sont beaucoup plus complexes qu’elle n’y paraît. Cela vaut pour tout. Maintenant que je suis un peu plus renseignée sur ses questions, j’essaye de faire de la « pédagogie » auprès de mes proches et de mes connaissances. Cette émission a fait de moi je l’espère une alliée pour la communauté lgbtqia+

Paloma a littéralement crevé l’écran avec son talent de comédienne. Le seul bémol de l’épisode pour moi sont les propos de Mariane James qui reproche à la grande dame son « manque d’intériorité ». Je trouve ce genre de remarques extrêmement déplacées et c’est une coutumière du faite (rappelez-vous la nouvelle star en son temps sur le physique des candidates…).

L’épisode se termine avec le départ de Lova la Diva qui proclame fièrement être une drag queen d’aujourd’hui et de demain, qui se bat contre les douleurs de son handicape pour pouvoir monter sur scène.

Episode 3 : baguette !🥖

Alors celui-ci c’est mon épisode préféré. J’ai pleuré de rire en entendant les punchlines du défit « baguette » « c’est sec comme ma chatte », « on ajoute des paillettes parce qu’on est pd » 😂, le même de la grande dame qui met ses lunettes de soleil.

J’ai été émue par les confidences sur « être gay en province », notamment par l’agression subie par la grande dame. Les personnes queers ne sont toujours pas en sécurité en France.

« Soyons fière de qui nous sommes. Nous sommes fabuleux et nous sommes légitimes » (La Briochée).

On se cultive à plein de niveaux devant cette émission car j’y ai découvert le phénomène underground de ballroom scene.

Kiddy Smile, un des co-juré a montré aux candidates comment défiler comme des stars. Maintenant lorsque je marche dans la rue, ses paroles résonnent parfois en moi. Marchons fièrement qui que nous soyons.

Le clou de spectacle est bien sûr le french ball avec TROIS défilés : Ma france à moi, French cliché et Festival de cannes. Un moment de mode qui n’a rien à envier à la fashion week. Et oui je veux le même éventail « prout » que Daphné Bürki !

Mon podium :

  • 1 : la tenue bretonne de la Grande Dame.
  • 2: Marie Antoinette femme fontaine de Versailles de la Big Bertha
  • 3 : la tenue sirène de la Grande Dame (mais qui fait des tenues aussi badasse avec des bouées ?)
podium drag race france saison 1

Attention car Drag Race France c’est aussi de la violence et de la polémique :

« La Haute Savoie vous allez vous calmez tout de suite, la région des fromages, c’est l’Auvergne » 😂 (Paloma).

Ce qui m’a plu dans cette saison, c’est la sororité (*solidarité entre femmes) des queens, ce qui la démarque de la franchise américaine par exemple. Elips a été mise à l’honneur par rapport à l’aide qu’elle avait apporté. Ce qui est assez rare dans ce genre de mécanique. Qui se souvient du vol des crevettes dans top chef !?

Episode 4 : snatch game ! 🎭

Dans cet épisode, j’ai été un peu agacé par certaines remarques de Paloma par rapport à sa propre culture générale vis-à-vis des autres. Mais il faut reconnaître qu’elle a une fois de plus crever l’écran par ses talents de comédienne.

Elips la candidate la plus introvertie m’a bluffé avec son imitation de Chantal Ladesou.

C’est bientôt mon anniversaire, alors oui je veux le poing américain vulve de Soa de Muse qui te frappe avec sa féminité !

Parce que le drag est politique, j’ai aimé la démarche préventive dans le défilé de la Grande Dame dans sa tenue capote. Dans cette émission, il n’y a pas seulement des formes mais aussi du fond. Et oui la grande dame je l’aime de plus en plus à chaque épisode ❤️.

Episode 5 : Undetectable = Untransmittable 🩸

Il va falloir parler un peu de Nicky Doll qui est incroyable in or out of drag ! Il n’y a que lui qui peut porter une coupe mulet et rester beau comme un Dieu.

Surtout c’était un épisode très émouvant. Elips m’a beaucoup touché dans le défi girls band en enregistrant le single, quand elle a été encouragée à crier de rage contre le rejet qu’elle a pu vivre. C’était très fort 🥹.

Dans cet épisode, j’ai appris quelque chose de très important grâce à Lolita Banana. Elle a osé parlé de sa séropositivité, avec simplicité et sans la banaliser. J’ignorais qu’avec un traitement adapté, on devenait indétectable et on ne pouvait plus transmettre le virus.

Elle a parlé de l’importance du dépistage. Depuis 2022, les hommes homosexuels ont le droit le donner leur sang et lorsque l’on donne son sang, on est dépisté systématiquement.

Par contre, cet épisode aussi beau soit-il s’est mal terminé avec l’élimination d’Elips 😭.

Episode 6 : grosse claque ! 🦀

Dans cet épisode, les queens ont créé une publicité. On en parle de tous les talents que cette émission requiert ? Chant, danse, comédie, humour, couture, mise en scène, maquillage. Je persiste et n’en déplaise aux esprits chagrins, ce sont des artistes complètes !

Pourtant, d’après leurs témoignages, c’est un milieu difficile, cruel et peu rémunérateur. Elles font part du mépris qu’elles subissent alors que ce sont des performeuses incroyables. Mais comme beaucoup de métier, artistique (dans le social ou les métiers dits féminins c’est la même): on est censé vivre d’amour et d’eau fraîche pour l’amour de l’art. Mais après tout ce que la société attend de nous c’est de produire pour consommer et pas pour proposer une vision du monde non?

Un nouveau thème très émouvant a été abordé ce soir là, celui de la maladie et du cancer au travers le parcours de vie de Bertha, qui a plaqué son travail pour vivre son rêve, qui a réussi à caler ses séances de chimiothérapie pour continuer à performer le week-end. Quand on sait la fatigue que cela représente, cela impose le respect. On peut dire que c’est son épisode car elle a présenté une tenue incroyable symbolisant une femme grosse dans la mode et un lipsyc (*playback) plus que légendaire face à Lolita Banana sur LA chanson d’Yseult – Corps. Je reconnais que j’ai pleuré devant leur performance. Je les ai trouvées bouleversantes😭. Ne pas pleurer devant cette vidéo challenge.

Le seul hic pour moi a été la question posée aux queens « Qui devrait partir ce soir ? ». La télé-réalité a repris ses droits et j’ai été assez déçue par ce moment que j’ai trouvé injuste et très cruelle. Comme a dit Paloma « on a toute été l’exclue de la cour de récré ». Je trouve que cela contribue à une forme de culture du harcèlement.

J’ai également détestée les réactions de ce que j’appelle les offusqués professionnelles sur les réseaux sociaux qui ont cherché à remettre cette faute de goût sur une queen, en l’occurrence Soa. Une émission de télévision ce n’est pas la vraie vie. Nous n’étions pas avec les candidates, nous ne savons pas ce qu’elles ont vécu dans leur groupe. Je suis persuadée que le petit aperçu que nous pouvons en avoir par la télé n’est qu’une infime facette de leur expérience.

Episode 7 : tu es mon autre 🎵

Cet avant-dernier épisode avait déjà un petit goût de nostalgie. Ma vision des drags queens avait radicalement évoluée. A présent je vois le drag comme une transformation en un personnage héroïque, ou comme dirait les coachs « une meilleure version de soi-même ». Cette transformation relève d’une véritable dimension et performance artistique.

Certains reprochent au drag d’être misogyne, caricatural envers les femmes et le compare au phénomène du black face  (*qui consiste à se peindre le visage en noir et se grimer en adoptant des « attributs » appartenant la communauté noire pour s’en moquer).

Sur cette question complexe, je renvoie à cet article que j’ai trouvé très intéressant qui explique en substance que comparaison n’est pas raison et que les drag queen se jouent du genre et non des femmes.

Les candidates avait la consigne de transformer un de leur proche pour proposer un binôme cohérent.

J’ai aimé que l’ami de Lolita, un homme cis (*identité de genre en accord avec son sexe biologique) hétérosexuel fasse la démarche de se transformer pour rendre sa fille fière. J’ai pleuré de rire devant son regard terrifié quand ils ont évoqué le tucking (*technique pour cacher les attributs masculins).

Tout le monde peut faire du drag, quelque soit son genre, son orientation, ses origines. Le drag n’a de limites que celles de l’imagination.

Une fois de plus, je n’étais pas d’accord avec le verdict, car Lolita avait la transformation la plus difficile, mais n’oublions pas, c’est de la télévision. Je pense que dans ces émissions, les gagnants en règle générale, sont décidés à l’avance.

Episode 8 : « Je pense donc je suis une drag queen » 👑

C’est déjà la fin. Pour cette dernière, il y avait des invités de marque : Nicolas Huchard et Olivier Roustaing.

De mon point de vu (subjectif) Soa était clairement au dessus pour la performance.

La grande dame s’est révélée dans ce dernier épisode. Son témoignage par rapport à son enfance et adolescence était courageux et nécessaire. J’ai trouvé très émouvant de l’entendre par rapport à ce qu’elle a vécu lors des manifestations du mariage pour tous. Cela a impacté des enfants, des adolescents dans leur vie. Il a dû partir de chez lui à 14 ans à cause de l’homophobie ambiante. Pour certains cela a représenté un véritable drame dans leur existence. Je suis vraiment peinée pour tout ce qu’il a dû endurer.

Lors du défilé, ambiance fin de colonie de vacance. La plus belle tenue est sans conteste Elips. Cerise sur le gâteau, elle a été élue Miss Sympathie❤️.

Elips

Soa était magnifique. J’’étais d’accord avec Daphné Burki qui les larmes au yeux a déclaré : « Je ne veux jamais m’arrêter de te regarder ». On peut dire que c’est la performeuse de la saison. Olivier Roustaing l’a parfaitement croqué : « Guerrière, déesse, révolution ». N’en déplaise à certain, c’est la nouvelle France.

Deuxième moment de l’émission qui m’a fait monter les larmes, lorsque les candidates se sont adressées à leurs portraits d’enfance. C’est assez racoleur comme principe mais c’était un beau moment de télé.

« Aie confiance ça va s’arranger. Cela ne va pas toujours être un cauchemar. N’attend pas d’avoir les rides du lion. N’ai pas peur ! Amuse toi ! Y’a une star en toi. Ne laisse personne te dire le contraire. Fais toi confiance car personne peut le faire à ta place » (Paloma)

Je retranscrits son discours mot pour mot car je le trouve très fort. Il peut aider beaucoup de monde. J’aurai aimé entendre et voir ce genre d’émission plus jeune à la télé. J’aurai aimé que mon ami qui a mis fin à ses jours à l’âge de 20 ans entende ça…

« J’aimerai le remercier d’avoir tenu bon et gardé sa sensibilité. J’ai perdu toute ma famille pendant 7 ans. Ma mère m’a dit j’ai perdu mon petit garçon et j’ai un adulte devant moi. Mais je ne peux pas lui ramener » (La Grande Dame)

J’aimerai que ces adolescents qui se cherchent sachent qu’il y a des personnes bienveillantes autour d’eux, qu’ils ne sont pas seuls, qu’il y aura toujours quelqu’un dans ce monde pour leur tendre la main et que s’il ne devait rester qu’une seule personne, j’aimerai être celle-là.

J’aimais beaucoup Olivier Roustaing que j’avais découvert dans ce documentaire bouleversant.

Il a été d’une modestie incroyable au cours de la finale et ses mots sonnaient très juste. Comme il l’a très bien exprimé : cette émission propose une révolution des mentalités, de nouveaux codes.

« On rentre dans les chaumières. On casse les codes pour en créer des nouveaux. Vous aidez pour un monde meilleur »❤️ (Olivier Roustaing)

Soa ma candidate favorite depuis le premier épisode n’a pas gagné. Je trouve qu’elle méritait mais je pense qu’elle était trop grande gueule pour être choisie.

La Grande Dame pour qui j’ai eu un véritable coup de cœur au fur et à mesure des épisodes était peut-être encore un peu verte. Il ne faut pas oublier que c’est une très jeune artiste qui a un potentiel phénoménal.

La victoire de Paloma est assez logique et méritée. Elle a été une très bonne ambassadrice de l’émission au cours de cette année.

Conclusion

Les queens de la saison 2 viennent d’être révélées. Le casting est prometteur. Celles qui m’ont tapé dans l’oeil : Moon, Rose, Sara Forever, Mami Watta. Bon d’accord presque toutes…

Les invités dont je rêve pour la saison 2 : Penelope Bagieu, Paul B Preciado, Juliette Dragon, Eva Green, Nicolas Mathieu (oui j’ai des goûts éclectiques).

Les lypsic dont je rêve : Clara Luciani – Respire encore, Véronique Sanson – Amoureuse, Zaho – Bolosse, Juliette Armanet – Flamme, Superbus – Lova.

Derrière les paillettes, l’outrance, l’humour se cachent des parcours exceptionnels. Je suis heureuse du succès que l’émission a rencontré à une heure de grande écoute, de la tournée qui a fait salles combles. Elle m’a permis de remettre en mouvement ma pensées sur des thèmes qui ne m’étaient pas familiers. J’espère que la saison 2 tiendra ses promesses, même si la première gardera comme toutes les premières une saveur particulière.

Pour conclure, aimez-vous comme vous êtes et la vie sera toujours une fête.

4 réponses à « Comment Drag Race a changé ma vie ? 💅 »

  1. […] Je milite à mon petit niveau sur un certain nombre de sujets, comme la défense des droits lgbtqia+, l’anti-racisme, le féminisme intersectionnel […]

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  2. […] En fin de journée, une bonne nouvelle est tombée : Nicky Doll a annoncé l’arrivée d’un Drag Race France All Stars ! Une perspective haute en couleur et en glamour. Quelles candidates aimerais-tu revoir ? Moi c’est la Picho sans aucun doute ! Si tu ne connais pas encore ma passion pour Drag Race, rendez-vous ici! […]

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  3. […] S’il y a une soirée pour se connecter à Twitter et débrancher son cerveau, c’est bien celle-là. Nous avons dansé, défilé, imité les chorégraphies, improvisé des discours dignes d’une fin de banquet (cela m’a rappelé mon début de semaine sur le bateau-mouche !). Mon moment préféré est sans conteste, le défilé en costume traditionnel, rivalisant avec un bon épisode de Drag Race. […]

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  4. […] ! Ma fille s’est plongée dans un nouvel univers. Après sa passion pour Miss France et les drag queens, voilà qu’elle s’enthousiasme maintenant pour les dieux et déesses de la mythologie grecque ! […]

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